• Origine et historique du boutis provençal

    Le boutis ouvrage de tradition populaire est tombé en désuétude à la fin du siècle dernier. Il nous montre aujourd'hui ses lettres de noblesse.

    Les femmes au XVème et XIXème siècle transformaient une étoffe en objet de parade.

     

    Art décoratif et utilitaire dans les petites mains magiques des femmes du midi, précieux mais oublié pendant longtemps, ces broderies tout en transparence, nous racontent la vie traditionnelle et riche des femmes de Provence.

    Du boutis, MISTRAL disait : "c'est un ouvrage divin"

     

    Dans les petits travaux d'adresse
    Qui pour être achevés
    Demandent goût, mains d'or et patience angélique

    Aux cassiennes il n’est pas d'ouvrières

    Qui se puissent dire pareilles

    Devant leur porte, dans la rue.

    Fau lou boutis obro divino

    Que sémblo un prat quand la pluvino

    A brouda de blanc e li fluieve li gré

    (Font le boutis ouvrage divin qui ressemble à un pré dont le givre broda de blanc les feuilles et les pousses)

    Le boutis fait parti de notre patrimoine, il ne doit pas être oublié.

    Il se lit, se raconte. Les jupons de nos grands-mères avaient des cœurs, des rameaux fleuris, feuillus, des angelots démontrant un rêve ou un vécu d'un amour heureux, d'une vie comblée.

    Un jupon avec un cyprès devait attrister la boutisseuse car il représentait le deuil.

     

    Les symboles sont donc très importants.

    La place que va occuper le symbole, va permettre de reconnaître la signification que va donner la boutisseuse à son ouvrage

    Cœur : amour

    Fleur : beauté

    Olivier colombe : Paix

    Raisin : prospérité

    Hibou :      mal être, n'aimant pas l'époux choisit.

     

    La nature est une source inépuisable.

    Le boutis était réalisé par des jeunes filles de 14 ans. Leur premier ouvrage était le jupon. Celui-ci était porté le jour du mariage.

    C'est un travail de relief et de transparence

    Le boutis fini n'a pas d'envers ni d'endroit.

    Histoire

    Quelques dates qui vont, par le biais du piqué, nous amener au boutis.

    200 ans av. J.C, Veste matelassée en Chine

    Vers 1200, Gilet de peaux matelassé chez les Croisés

    1400-1500, en Provence, petits ateliers à domicile

    1500-1600 en Provence, Vannes, Courtepointes piquées.

    Les "Indiennes" arrivent du Levant.

    1648 Création de la chambre de commerce de Marseille 5000/6000 brodeuses travaillent

    1686 Interdiction de faire rentrer dans le royaume de France des toiles peintes.

    1763 Apparition du piqué mécanique à Marseille.

    Vers 1800, fin de l'industrie en Provence : repli sur les usages personnels

    1810,  Boutis à la Ciotat

    Chaque pièce est unique, la boutisseuse y met ce qu'elle ressent.

     

    La technique

    Le boutis est une broderie de l'intérieur qui donne du relief et de la transparence à deux étoffes cousues ensemble à petits points réguliers sur le contour du motif dessiné.

    A noter : la précision & la régularité veulent que l'on fasse 9 points pour 1 cm.

    C'est un travail rigoureux, il faut beaucoup de talent et d'imagination, c'est une broderie destinée à être admirée : d'où le choix de certains matériaux comme la percale, la Batiste, la mousseline, voire la soie.

    Quand l'ouvrage est fini, il se lave au savon de Marseille pour enlever tâches et crayon, par la suite il peut bouillir car tout est coton.

    Attention de ne jamais mouiller le tissu avant de commencer le travail.

     

     

    Emboutir

    Pour obtenir le relief on introduit entre les lignes de piquage de fines mèches de coton à l'aide d'une aiguille souple que l'on appelle BOUTIS.

    Le boutis se regarde à la lumière, sa perfection se lit dans la transparence qu'offre le contre-jour.

    Au XVIIème siècle, certains boutis étaient réalisés au point arrière. Ils sont très rares donc très recherchés.

     

    Quelques pièces très utilisées.

    Le chauffoir.

    Pour les jeunes accouchées, il avait la grandeur d'une serviette que l'on chauffe et que l'on pose sur le ventre. On disait qu'il facilitait la délivrance.

    Des boutis de 20/30 cm étaient utilisés sur les meubles de toilette pour que les dames de la noblesse posent leurs accessoires.

    Jupon de mariée avec différents symboles qui servait ensuite, en défaisant les coutures de côté, de Vanon (petit dessus de lit d'enfant).

     

    La vanne, dessus de lit de mariée qui était exposé le jour des relevailles.

     

    Le pétasson protection des mamans pour allaiter leur bébé.

    Le boutis est toujours blanc (là aussi un symbole)

    Une tradition qui a tenu à Marseille, près d'un siècle, était que lors de la fête Dieu au mois de mai, les œuvres étaient sorties dans les rues sur les fenêtres. Quels spectacles dans les rues de Marseille ou des villages environnants, le long des rues empruntées par le curé pour la bénédiction, de magnifiques boutis faisaient une immense guirlande blanche.

    Tel un phénix le boutis ressurgit.

    Nous sommes heureuses que certaines personnes aient découvert cette technique et aient pu nous la transmettre car elle a dormi pendant près d'un siècle.

    A ce jour le boutis se trouvent dans les musées, chez des antiquaires ou dans certaines maisons, bien conservés.

    La valeur tient à l'ancienneté du tissu et à la qualité du piquage.

     

    La valeur pour les boutisseuses du XXIème siècle est sentimental car n'oublions pas, que l'on peut difficilement acquérir une œuvre dont le travail est considérable, sans oublier l'immense dextérité dont les femmes font preuve pour créer ces œuvres.

     

    Pour réaliser un boutis, il faut le penser, il faut laisser le temps au temps.

    A notre époque le boutis est un moment de réflexion, d'abandon, de relaxation, de repli sur soi-même, de plaisir.

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  • Commentaires

    1
    lou
    Lundi 19 Octobre 2015 à 08:18

    Bel article !

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